Simplifions le baccalauréat !
Face aux dysfonctionnements manifestes et inégalités générées par les fameuses E3C ainsi que le choix contraint ou restreint de spécialités, il faut se rendre à l’évidence : cette réforme est inique !
Personne ne l’approuve en l’état : ni les élèves (les premiers concernés), ni leurs familles, ni les professeurs et encore moins les chefs d’établissements (qui récupèrent toute la charge d’organisation des E3C).
L’idée du contrôle continu (qui n’est pas forcément une mauvaise idée en soi) est, à l’origine, une demande des syndicats de lycéens. Mais, aujourd’hui, vu la tournure et la façon dont c’est organisé, il est clair qu’il faut envisager soit de passer à autre chose soit de faire évoluer sensiblement le dispositif. Et le faire évoluer dans le sens de la simplicité !
Bien sûr, on pourrait revenir à l’ancien système du baccalauréat. Mais quel homme politique a déjà eu le courage de reconnaître qu’il s’est trompé, qu’il s’est engagé sur une mauvaise voie et qu’il faut revenir en arrière ? C’est pourtant une qualité humaine absolument nécessaire que, par exemple, tout montagnard ou même tout mathématicien reconnaîtra. Mais en politique, nul n’a ce courage…
Et pourtant, en ce qui concerne cette réforme, cette organisation des spécialités et cette passation des E3C, il va bien falloir reculer. Ou du moins, du point de vue du lâche politicien, reculer en donnant l’impression d’avancer !
Avant de proposer cet élagage, faisons un bref résumé récapitulatif de ce qui est unanimement reproché à cette réforme.
- Certains élèves ne peuvent pas vraiment suivre les trois spécialités de premières demandées, car elles ne sont pas toutes ouvertes dans tous les lycées ou ne peuvent pas être organisées en parallèle.
- Les programmes de ces spécialités sont, pour certains, très ambitieux et découragent des élèves.
- Pour suivre certaines spécialités, il est parfois impératif d’en prendre d’autres. Par exemple : impossible de suivre la spécialité Physique-Chimie jusqu’en terminale sans faire en parallèle des mathématiques qui sont également une spécialité (dans la voie générale).
- L’absence de dédoublement empêche de faire les TP informatiques liés à certaines spécialités : typiquement l’apprentissage de l’algorithme et la pratique du langage Python en spécialité mathématiques.
- Le passage à seulement deux spécialités en terminale est parfois vécu comme un drame pour les élèves qui ne peuvent désormais plus avoir une formation complète, notamment dans le domaine scientifique : impossible de faire à la fois des mathématiques, de la SVT et de la Physique-Chimie.
- élèves à deux par table
- un seul surveillant par salle
- brouillon de même couleur pour tout le monde
- calculatrices pas toujours mises en mode examen
- nombreuses erreurs dans les sujets
- portables pas toujours rangés
- épreuves de la banque qui circulent
- nécessité de renouveler les sujets de la banque tous les ans
- dates différentes selon les établissements (donc les élèves des derniers lycées peuvent récupérer tous les sujets)
- problème des élèves absents (et qu’il faut bien faire rattraper la semaine suivante avec, parfois, le même sujet…)
- burn-out des chefs d’établissements qui passent leur temps à faire des planning et scanner des copies
- pas de commission d’harmonisation de barèmes pour les professeurs
- pas de temps supplémentaire de correction pour les professeurs
- logiciel Santorin peu pratique et très chronophage à utiliser
- les scanners reçus dans les établissement (et financés par la région) ne sont pas en couleur (souci pour les schémas en HG)
- évaluation permanente, stress permanent, bachotage permanent
- désorganisation des établissements (les élèves de seconde ont des cours ou des profs en moins car mobilisés sur les E3C)
Notre proposition : suppression des E3C mais maintien du contrôle continu
Et on supprime le grand oral ! Nul n’est en mesure de définir cette épreuve ni en mesure de dire comment elle va se dérouler. Bien sûr, la maîtrise de l’oral est importante chez les élèves mais ils ont déjà de nombreuses épreuves orale (en français et en langue vivante).
De plus, on maintient 3 spécialités de 5h en terminale ! Et pour récupérer des heures, on supprime l’enseignement scientifique (qui fait double emploi si les spécialités suivies sont déjà des sciences et qui pourrait devenir une option pour les autres). Et on place les épreuves finales de spécialités en juin, pas en mars !
L’idée est donc de maintenir un mix avec un tiers de contrôle continu classique (les habituels devoirs sur table donnés par les professeurs), c’est-à-dire les notes de bulletin ; et cela serait combiné à des épreuves finales (en fin de 1re pour le français et en fin de Tle pour les autres) pour un poids de deux tiers.
Et avec une nouveauté dans les notes de bulletin : une note de vie scolaire traduisant l’assiduité, le savoir-vivre et savoir-être et l’implication de l’élève au sein de la communauté éducative. Cette note serait déterminée par l’ensemble de l’équipe éducative (y compris CPE) lors des conseils de classe (qui récupèreraient ainsi un peu de légitimité !)
Ce nouveau baccalauréat simplifié se présenterait ainsi :
Français, écrit : coef 5
Français, oral : coef 5
Philosophie : coef 9
Spécialité n° 1 : coef 16
Spécialité n° 2 : coef 16
Spécialité n° 3 : coef 16
Ce qui fait un coefficient (ou un poids) de 67 % pour les épreuves finales.
Dans ces disciplines, évaluées uniquement via des épreuves finales, les professeurs pourront encore proposer, en cours d’année, des « devoirs-tests » non notés (ou notés fictivement) afin de permettre aux élèves de s’auto-évaluer. C’est vertueux, ça évite triche et bachotage improductif.
Concernant le contrôle continu maintenant, on supprime bien sûr les E3C et on se contente d’un contrôle continu réalisé par les professeurs eux-mêmes via les habituels devoirs sur table. La note comptabilisée, pour chaque matière, serait la moyenne des moyennes obtenues en 1re et en Tle pour chaque matière.
Histoire-Géographie : coef 7
Langue vivante A : coef 7
Langue vivante B : coef 7
EPS : coef 7
Note de vie scolaire : 5
… et les OPTIONS :
points au dessus de la moyenne x 2 en bonus
Ce qui fait un coefficient (ou un poids) de 33 % pour le contrôle continu constitué des matières du tronc commun non évaluées en épreuves finales.
Et on a un bac noté sur un total de 2000 points.
Pour se faire une idée de ce que cela pourrait donner et pour visualiser le poids de chaque discipline, on donne ci-dessous un exemple de relevé de notes.
Matière | Note | Coefficient | Nombre de points |
Français écrit | 11 | 5 | 55 |
Français oral | 13 | 5 | 65 |
Philosophie | 8 | 9 | 72 |
Spécialité 1 | 15 | 16 | 240 |
Spécialité 2 | 12 | 16 | 192 |
Spécialité 3 | 10 | 16 | 160 |
Histoire-Géographie | 11 | 7 | 77 |
Langue vivante A | 10 | 7 | 70 |
Langue vivante B | 14 | 7 | 98 |
Note de vie scolaire | 15 | 5 | 75 |
EPS | 13 | 7 | 91 |
Total des points (hors options) | 1195 | ||
Option | 16 | Bonus = (16 – 10) * 2 | 12 |
Grand total | 1207 |
L’élève est reçu au baccalauréat avec une moyenne de 12,07 – Mention Assez Bien